Une jardinière de balcon est si petite qu’on peut parfois laisser tomber l’idée d’en faire une
micro-forêt nourricière, en pensant qu’on ne pourra de toute façon qu’y produire une infime partie de notre alimentation.
Pourtant, malgré sa petite taille, un mini-jardin sur le balcon peut fournir une surprenante
variété de services.
Pour conclure cette série d’articles sur la mini-forêt de balcon, voici 8 idées d’utilisations
possibles pour un micro jardin forêt urbain, 8 thématiques de design, pour ouvrir les horizons et nous inspirer.
Je parie qu’au moins l’un de ces micro-jardins vous emballera ! Il y en a pour tous les goûts !
1. Une micro-forêt comestible de légumes rares
S’il est vrai que l’on peinera à atteindre l’autonomie alimentaire avec une micro-forêt
comestible de balcon, on pourra néanmoins produire aisément des aliments que l’on trouve
rarement sur les étals des épiceries urbaines !
Par exemple, avez-vous souvent acheté des fleurs de chou kale pour égayer vos salades ?
Ou bien, des feuilles de patates douces, pour les faire revenir à la poêle comme des épinards ?
Ou encore, du poireau perpétuel, pour l’utiliser comme condiment dans un ragoût ?
Une minuscule production de légumes rares peut avoir beaucoup de sens, pour offrir à son palais des saveurs introuvables en magasin !
2. Une micro-forêt médicinale
Quant aux plantes qui ont des vertus thérapeutiques, on les utilise en général en toutes petites quantités.
Un petit balcon cultivé est ainsi tout à fait approprié pour faire pousser notre pharmacopée
personnelle, notre jardin des simples, comme on l’appelait au Moyen-Âge.
Violette, achillée millefeuille, sauge, lavande, thym, romarin, gingembre, cassis, prêle, ortie, etc. Toute une série de plantes à infuser, à préparer, ou à faire sécher soi-même pour remplir sa pharmacie pour l’hiver.
La plupart du temps, ces plantes sont aussi des plantes vivaces. Souvent belles et parfumées, elles attirent les abeilles et les papillons, comme cette sauge en fleurs.
3. Une micro-forêt bioclimatique
Avez-vous déjà remarqué, les jours d’été très chauds et secs, comme l’air sous la canopée d’une forêt reste frais et humide ?
En choisissant des plantes grimpantes, et en préparant une structure qu’elles peuvent
coloniser, on peut parvenir à ombrager son balcon et réguler son microclimat.
Je pense par exemple à une canopée de vigne comme sur cette photo, à des courgettes
grimpantes comme les luffas, ou encore à la glycine qui agrémente les paysages de
majestueuses cascades de fleurs comestibles au mois de mai.
Mais quelques petits arbres en pots bien placés peuvent tout aussi bien ombrager, maintenir la fraicheur, ralentir les vents.
4. Une micro-usine de dépollution et de renforcement de l’écosystème urbain
Toutes ces fleurs sur votre balcon vont nourrir les abeilles et une ribambelle d’autres insectes qui ont la vie dure dans les zones urbaines. Souvent, on rappelle que les forêts et les végétaux participent à la dépollution de l’air.
En recyclant sur votre balcon une partie de vos déchets alimentaires directement au pied des plantes, vous limitez aussi toutes les étapes de traitement public des déchets organiques.
Mais ce n’est pas tout !
Lors de mes recherches sur les ondes électromagnétiques à Taïwan, j’ai mesuré que les
radiations en provenance des antennes de téléphonie mobile étaient significativement atténuées derrière des végétaux, comme par exemple un bosquet de bambou dans un parc.
5. Une micro biofabrique
Savez-vous en quoi est faite cette petite bouteille que j’ai découverte dans un musée, toujours à Taïwan ?

Photo du musée national du Palais, Taïwan (CC-BY).
C’est une gourde, un fruit de la famille des courges ! Celle-ci a été cultivée en Chine, au 18e siècle. Sa forme précise et ses motifs sophistiqués proviennent d’un moule dans lequel on l’a fait croître…
Avec un peu d’entraînement, on peut vraiment faire pousser des objets aussi élaborés et
durables que cette petite bouteille, même sur un balcon !
Je pense encore aux luffas, ces courgettes grimpantes qui produisent des éponges naturelles.
Sinon, pourquoi ne pas s’essayer à l’osiériculture urbaine ? Un saule, planté dans un pot, taillé chaque hiver, pour produire des rameaux d’osier et se tresser des paniers !
Mais encore, savez-vous que certains artisans font pousser des meubles entiers, en façonnant des arbres vivants ? Comme Gavin Munro, ce jardinier-artiste qui, au Royaume-Uni, fait patiemment pousser des chaises et des tables. Sur un balcon, par exemple, on pourrait bien faire pousser son propre chapeau de lampe, ou un tabouret !
En plus d’une réserve de biodiversité, en plus d’une centrale dépolluante, votre balcon peut ainsi se transformer en une petite usine de biomatériaux, vous invitant à marier vos talents de jardiner et d’artisane.
6. Un micro paysage à façonner et à observer
On pourrait aussi choisir de se focaliser sur l’esthétique.
L’équilibre dans la composition, la beauté des formes et des couleurs. Pour le plaisir des
yeux, et pour offrir de la beauté au voisinage.
Un micro-jardin artistique, un mini-jardin suivant les principes feng-shui, un petit jardin zen.
On s’entraînerait à identifier les familles de plantes et à tailler des arbres pour en faire des
bonzaïs !
Comme je le suggérais dans l’article précédent, focaliser sur cette fonction contemplative et oisive d’un micro-jardin n’est d’ailleurs pas contradictoire avec le fait de pouvoir en
apprendre beaucoup sur les écosystèmes, d’observer les interactions plantes-insectes, de
redécouvrir les plantes sauvages.
7. Une micro-forêt thérapeutique
En poursuivant sur cette voie de la contemplation, de la relaxation, notre petite forêt peut
même devenir une source de bien-être !
D’après les travaux de Yoshifumi Miyazaki au Japon, lorsque l’on passe du temps en forêt, il semble que l’on puisse mesurer des modifications physiologiques, comme une diminution de la pression artérielle, une stimulation du système immunitaire, etc.
C’est la thérapie par les arbres, la sylvothérapie.
Alors, pourquoi ne pas planter une mini-forêt de balcon dans le but de s’y immerger
fréquemment pour bénéficier de ses vertus thérapeutiques subtiles ?
8. Votre forêt personnelle multifonction ?
Tant de possibilités pour créer votre micro-forêt ! J’en ai sûrement oublié. Chaque forêt de
balcon peut être unique, adaptée à la cultivatrice ou au jardinier.
Mais ce que j’aime le plus, c’est justement lorsque tous ces « usages » ne sont pas séparés. Une micro-forêt à la fois comestible, produisant des meubles, régulant le microclimat, et soutenant la biodiversité urbaine.
La nature elle-même n’a-t-elle pas tendance à multiplier les fonctions au même endroit ? Une forêt naturelle est tout à la fois, belle, thérapeutique, dépolluante, nourricière, bioclimatique, etc.
Imiter la nature, c’est aussi combiner un peu toutes ces fonctions dans une même micro-forêt.
C’est se familiariser avec cette façon de penser moins disciplinaire, linéaire, simplifiante ;
plus systémique, arborescente, complexe.
En somme, regrouper au lieu de séparer, c’est nourrir une façon d’être et d’agir plus proche du fonctionnement naturel du vivant.
Bon allez, assez papoté ! Et bon jardinage ! 😀
Afin d’approfondir ce thème
N’hésitez pas à consulter les autres articles de Lénaïc et à jeter un coup d’œil à notre rubrique « développement durable » où podcasts, vidéos et articles vous attendent.